Chapitre 14,
Le repas se passa très joyeusement, tout les convives étaient heureux de fêter les débuts de la nouvelle Eglise d’Aristote. Mais je remarquais alors que les yeux de Christos renfermaient une étrange expression, mêlée de tristesse et de mélancolie. Il était plus silencieux qu’à l’accoutumé, et pourtant, beaucoup de ses apôtres ne s’en rendaient pas compte, occupés qu’ils étaient à deviser de paix et d’amour.
Je vous l’ai dit, quant à moi, l’attitude de Christos ne m’avait pas échappé… voulant en savoir d’avantage, je m’approchai donc de lui et lui demandait :
" Maître, pourquoi fais-tu cette tête là ? tu boude ? "
Il me chuchota alors :
" Samoht, mon plus jeune ami, fidèle parmi les fidèles, ne vois tu pas que Daju est parti ? Sans doute pour comploter contre moi ! Le pauvre doit être corrompu, mais il accompli son destin pour que la prophétie s’accomplisse! "
" Mais enfin, laisse donc cette andouille pleurer dans son coin, lui répondis-je, si les romains voulaient te prendre, ils l’auraient fait ! Au lieu de cela ils sont parti ! "
Et Christos, qui sentait sa fin approcher, me regarda avec une expression si émue, si bouleversée, qu’elle me provoque encore des trémolo dans la gorge à l’heure ou j’écris ces lignes.
" Samoht, me dit-il, quand je serais mort, parcours le monde et répand la bonne nouvelle comme je vous l’ai demandé. Et quand tu sera un homme âgé, alors écrit mon histoire pour que celle-ci soit connue et entendue. Retiens bien cela, je ne te le dirais pas deux fois… tiens… j’entend déjà les gardes monter. "
Et en effet, le sol tremblait au sous le poids des sandales de légionnaires. Les discussion cessèrent alors, laissant place à un silence inquiet. Un décurion et ses gardes entrèrent dans la pièce. Au côtés de l’officier se tenait Daju ; et ce dernier montra Christos du doigt en disant :
" C’est lui ! c’est lui ! le grand barbu, là, tout grand ! même qu’on dirait une allumette ! Il vient encore de comploter contre l’ordre établi. "
Alors, les gardes se ruèrent sur Christos en bousculant tout les apôtres qui voulaient s’interposer. Un soldat m’envoya rouler par terre car je me tenais aux vêtements de mon messie. Enfin, ils l’emportèrent violemment pour le traîner en dehors de la pièce. Comme je m’étais relevé et que je m’agrippais à la cape d’un soldat, souhaitant le faire chanceler, l’officier ordonna aussi qu’on se saisisse de moi. Aussi, nous fûmes tout les deux menés dans le palais du procurateur Pierre Ponce.