En ce temps là, la cité était en proie à de grandes manifestations de joie et d’émulation. Les citoyens, transportés d’allégresse de savoir que le fils de l’Homme vivait parmi eux, se laissaient aller à festoyer, fréquentant assidûment les tavernes. La cité s’en portait bien mal. Le pain était rassis, les légumes passés, le poisson puant, et la viande nauséabonde. Le vagabond parlait au maire sans aucune preuve de respect, en lui donnant de grandes claques dans le dos.
Christos, un beau jour, vint trouver ses disciples et leur dit : « Aujourd’hui, mes chers fidèles, je m’en vais méditer trois nuits et trois jours en haut de cette colline. Occupez vous de vos fesses et ne venez point me trouver ».
Titus l’interrogea en ces termes : « Mais, Seigneur, pourquoi donc ? ».
L’élu lui fit cette réponse : « Dans trois nuits et trois jours l’un d’entre vous m’aura trahi, il saura où me trouver ».
Les disciples furent consterné par ces paroles, et Titus de dire à Christos : « Mais, Seigneur, qui d’entre nous osera te trahir, toi qui nous apporte la vérité et nous transmet le message du Philosophe ? ».
Christos lui répondit : « Celui là même qui me trahira est celui qui a compris ma parole. Il est l’homme vertueux ».
Trois jours et trois nuits durant, Christos vécut dans l’ascétisme le plus spartiate, soumis au froid mordant des sommets de Judée.
Au petit matin du quatrième jour, une cohorte de Pilate vint le trouver. Avec elle marchait Daju, fidèle parmi les fidèles. Il vint trouver Christos et lui dit : « Seigneur, je t’ai dénoncé aux romains. Ils te cherchaient. Ta seule présence trouble l’ordre public. ».
L’élu lui répondit : « Je le sais, Daju, et tu as bien fait. Tu a compris mon enseignement : la vertu d’un homme est son abnégation à la cause de la cité, quelles que soient ses convictions. Tu as agi justement ».
Le lendemain, Christos comparaissait devant le tribunal de Pilate. Ce dernier l’apostropha : « Tu sais de quoi on t’accuses ? ».
« Oui, je le sais », fit l’élu, « j’ai troublé l’ordre de la cité. La république ne vit plus si je suis de ses citoyens ».
Pilate lui dit : « Sais-tu ce qui convient à la cité ? ».
Et Christos lui répondit : « Oui, je le sais. La cité doit vivre telle une roue à aube. Chaque mécanisme a la place qui lui convient de part sa naissance, et accomplit régulièrement la tâche pour laquelle il a été crée. La nature de l’homme, ainsi, ne se définit que par son rôle au sein de la cité. J’ai troublé cette merveilleuse harmonie par l’allégresse que j’ai fait naître parmi les citoyens, et pour cela je dois disparaître ».
Pilate rendit alors son verdict en ces termes : « Christos tu seras banni. Maintenant dégage. Affaire suivante, Kramer contre Kramer ».
Mais l’élu s’y opposa, et prononça ces paroles : « Non, magistrat. Tu ne peux me bannir, car dans quelque cité que je serai, j’agirai toujours ainsi, et deviendrai un même danger pour la plénitude des républiques qui constituent le monde. Tu dois me faire exécuter ».
Pilate fut excédé et lui répondit : « Comme tu voudras. Tu seras donc crucifié, et en prime supplicié pour me faire perdre mon temps ».
Qu'en pensez vous? La passion doit suivre sous peu...